Dossier de presse :Psychologues et violences scolaires

Violences en milieu scolaire :
L’apport des psychologues de l’Education nationale

De la violence du jeune enfant à celle de l’adolescent,
Des banlieues qui brûlent à la violence isolée manifestée par certains jeunes,
De la violence subie par l’enfant ou l’adolescent victime à celle qu’il manifeste à l’égard des autres, de la société, des institutions, de ses propres pairs, des jeunes adolescentes… la violence questionne.
Le discours des médias et des politiques stigmatise une fraction de la jeunesse, l’enfermant dans des appartenances communautaires ou religieuses, appelant à renforcer l’appareil de répression et de contrôle social en direction des familles jugées démissionnaires. Par son emprunt au vocabulaire de la psychopathologie, il désigne comme responsable des troubles une partie de la jeunesse dont l’exclusion serait à la fois la cause et le drame et place la question sur le terrain médical.
Les psychologues de l’Education nationale qui travaillent quotidiennement dans les écoles maternelles, élémentaires, les collèges et lycées ont une vision bien plus complexe du problème.


La violence à l’école :

De la violence normale au symptôme,
On tend aujourd’hui pour cause de dépistage à amalgamer les divers modes de violence sous l’étiquette “comportement déviant” ?
C’est ignorer que chez le très jeune enfant scolarisé en maternelle, les processus de développement passent par une phase “normale” d’agressivité, de conflits dans l’expérimentation des relations sociales : enfant “mordeur”, tout puissant, agité… L’absurde serait bien ici de considérer ces turbulences comme des indicateurs de troubles et déviances à venir.
Chez l’enfant plus âgé, un même symptôme exprimera des difficultés diverses propres à chacun : si “l’agir” vient en place du “dire”, il s’agit bien à chaque fois d’une histoire singulière que seul le contexte de son expression rend parfois commun à un même groupe d’individu.

Violences à l’école/de l’institution :
Tout comme la famille, la rue, la cité, l’école est confrontée aux actes de violence. Considérée comme un lieu protégé, dédiée à la transmission des savoirs et investie d’une mission de promotion sociale pour tous, l’école est devenue le dernier espoir de la remédiation sociale. Mais au moment même où 80% 62%d’une classe d’âge obtient son baccalauréat, la déscolarisation devient massive.( ?)
Pour certains le système scolaire engendrerait sa propre violence : Nos méthodes d’apprentissage seraient-elles inadaptées (lecture globale/syllabique…)? A-t-on donné accès à un diplôme dont on a transformé la valeur ? S’agit-il moins pour nos jeunes d’acquérir des connaissances scolaires que de rester dans l’institution scolaire ?
Pour ceux qui sont les moins familiers avec la culture scolaire, l’institution scolaire par les pratiques pédagogiques et langagières, les normes de comportement et les modes de relation qu’elle impose peut apparaître comme violente dans la transformation de soi qu’elle exige. Sensibles en fin d’école élémentaire, es problématiques apparaissent fortement au collège.
La généralisation du phénomène de l’adolescence, du fait de la prolongation de la scolarisation pour tous les jeunes, a amené avec elle le temps de l’indétermination par rapport à l’ avenir , de la mise à distance , de la réflexion sur soi et d’une individuation moins soumise que par le passé aux déterminismes sociaux. Devenir autonome et accéder à un statut d’adulte confronte ,en effet, l’adolescent à la nécessité de s’émanciper des figures qui l’ont soutenu pendant l’enfance pour devenir autre, sans se perdre complètement dans ces changements. Emancipation qui passe nécessairement par un inventaire critique concernant non seulement les parents mais aussi la société adulte et ce qu’elle propose comme supports d’identification. Or, force est de constater que la dégradation des conditions d’existence et de travail, l’érosion des valeurs, des idéaux, des repères mettent les adultes en difficultés pour répondre aux questions récurrentes des jeunes sur ce qui peut pousser à grandir et à assumer sa place dans la chaîne des générations.
• Enfin, cet accès plus ouvert aux différentes formes de scolarisation , qui a individualisé les trajectoires scolaires et a ouvert un nouveau champ de possibles pour tous, fait aussi ressentir l ‘échec d’une manière de plus en plus insupportable à la fois pour les élèves mais également pour les parents. Cet avenir à la fois « offert et refusé » exacerbe les contradictions propres à l’adolescence. L’Ecole est à la fois un lieu de promotion possible mais aussi de trahison potentielle par rapport à la famille, ses attentes, ses projets, son histoire. D’où le ressentiment, la rage , la révolte quand les élèves, particulièrement ceux de milieu populaire en viennent à douter de la valeur de l’Ecole, de ce qu’on y apprend puisque le diplôme ,plus que jamais nécessaire, n’est plus suffisant pour s’opposer à la déqualification et à la précarité.
Ce n’est pas un hasard si le collège et le début du Lycée concentrent ces manifestations violentes. Les procédures d’orientation sont là pour rappeler que s’impose à chacun l’obligation de confronter l’image idéale d’un avenir, jusque là cantonné dans un « plus tard » rassurant, avec ses conditions de réalisation dans le réel. Comment s’étonner que surgisse du ressentiment quand il n’existe plus d’espace suffisamment ouvert à investir , quand l’avenir semble prescrit, la place assignée par d’autres, les jugements sur soi sans appel ?On peut mesurer d’ailleurs combien les mesures préconisées par le Ministère sur l’apprentissage à 14 ans peuvent être considérées comme un pas de plus dans la non reconnaissance de ces adolescents, comme sujets potentiellement porteurs d’autres développements possibles.

Propositions du psychologue de l’Education nationale :
Les tentatives de réponses du psychologue de l’Education nationales sont singulières et diversifiées, s’exerçant aussi bien en direction de
– l’Institution scolaire dans une aide à l’analyse des phénomènes de groupe, des outils et des processus cognitifs…
– ‘des enseignants, demandeurs de lieux de parole (individuel ou collectif) pour évoquer ces questions de violences, leurs difficultés, leurs vécus, pour élaborer des projets de prévention…
– ‘des familles, enfants et adolescents, victimes ou agresseurs…
Mais surtout, il permet une approche singulière de l’acte de violence, il tente de décrypter le symptôme afin de lui donner sens :
– Lorsque la violence devient un mode banal de relation sociale capable de masquer la faille narcissique de l’enfant ou de l’adolescent
– Lorsque l’enfant n’a pas pu encore apprendre que son bon vouloir n’est pas force de loi, lorsqu’il n’est pas soumis à la Loi symbolique et que seule existe la loi du plus fort,
– Lorsqu’il n’a d’autre solution que d’utiliser son corps comme mode d’expression et de représentation,
– Lorsque le vécu familial ou scolaire est par lui-même trop insécurisant ,
-Lorsque l’enfant ou l’adolescent n’est pas en mesure de se confronter au manque et à l’absence…
Ce travail de prévention doit s’exercer dans la durée, ce qui suppose :
• l’existence d’équipes pluri-professionnelles de suivi dans les établissements scolaires assurant un rôle de veille pour analyser les situations, permettre les mises à distance nécessaires et l’élaboration d’actions cohérentes et concertées.
• la création d’espaces d’écoute où la parole des enfants et adolescents soit entendue et prise en compte , dans un cadre où l’institution scolaire joue effectivement son rôle de structure contenante étayée par des modalités de travail concerté entre les membres des équipes
• un travail d’observation et d’analyse visant à faire émerger plusieurs interprétations possibles et plusieurs niveaux de réponses y compris sur le plan pédagogique

Le psychologue de l’Education nationale, présent dans chaque établissement scolaire et disponible pour tous, est à même de par sa formation d’aider les enfants et leurs familles tout en évitant l’amalgame, la stigmatisation, la réduction ou le déni des phénomènes de violence.

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