Chers adhérent-e-s,
Voici la présentation du troisième numéro de Psychologie & Education pour l’année 2017.
Vous y trouverez les textes et articles présentés ci-dessous.
Nous attendons vos propositions d’article : partagez votre réflexion et votre pratique à l’école…
Sollicitez des auteurs autour de vous, la revue a besoin d’être alimentée !
Vous pouvez aussi vous procurer ce numéro ou d’autres à la demande (commande-publicationsafpen@afpen.fr).
Psychologie & Education 2017-3, septembre 2017.
Inventer de nouveaux outils et continuer d’écouter
Sommaire
Editorial
Roselyne TYNÉVEZ – L’école à l’épreuve du management
Philippe WALLON, Marie-Eve REDOUTEY, Claude MESMIN, Rémi FAUVERNIER & Matthieu JOBERT – Dynamique du tracé et WISC-IV ; stylo numérique et psychopathologie
Jacques F. RICHARD & Joëlle ROBICHAUD DOIRON – Adaptation en langue française d’une mesure psychosociale de bullying (harcèlement) scolaire
Valère NKELZOK KOMTSINDI – Stratégies métacognitives et enrichissement mental en milieux universitaire au Cameroun
Lauréline SEYTRES – Quand le travail clinique creuse une place où peut naître le sujet
Livres et revues
Editorial
L’utilisation de l’outil est le propre de l’Homo habilis, notre lointain ancêtre. On conclut aussi à l’intelligence supérieure de certaines espèces animales qui y parviennent par exemple pour ouvrir un coquillage, extraire des termites de leur abris voire pour résoudre des problèmes mathématiques ou physiques… Mais plus proche de nous l’Homo Sapiens sapiens est celui qui au-delà de faire, est aussi capable de savoir et de savoir qu’il sait, de penser et de savoir qu’il pense. Le risque de la société pourtant post-moderne est de compromettre ce déroulé jusqu’ici si brillant de l’évolution de notre espèce. Mais on reste en veille et on continue d’écouter l’humanité dans l’humain.
En préambule de ce numéro, comme un phare qui pourrait éclairer la lecture des autres textes, l’acte d’une conférence donnée par Roselyne Tynévez, ancienne psychologue de l’Éducation nationale, au sujet de la pression ressentie par les enfants d’aujourd’hui. L’auteure ouvre la réflexion plus largement aux changements sociétaux qui conduisent désormais dans une logique consumériste, à privilégier l’objet plutôt que le sujet. Le rapport au travail a changé ainsi que la place de l’humain. Avec le souci de la productivité, le produit est premier tandis que le travailleur est à « programmer » comme une machine. Le sujet devient « interchangeable ». Soumis à de multiples évaluations et ce du « jardin d’enfant à la maison de retraite ». L’échec scolaire est devenu une pathologie. Ne pas savoir expose à la frustration de ne pas pouvoir consommer comme la société post-moderne l’impose. Il est pourtant encore possible de permettre au sujet de tenter de comprendre ce qui fait symptôme, au-delà du comportement à « redresser », comme le proposent certaines approchent qui séduisent parents, enseignants… Or « plus on traque le symptôme et plus il s’opacifie ». Il est encore temps de rétablir le temps de l’enfance où tout ne se joue pas.
L’outil que nous présentent Philippe Wallon et son équipe est pour le coup une vraie machine. Le stylo numérique Anoto est un outil de relevé du geste graphique à l’occasion de certaines épreuves de l’examen psychologique telles que les dessins à thème, le Bender, la figure de Rey entre autres. Un logiciel analyse les données de l’exécution, restitue les tracés et renseigne le psychologue qui alors peut en tirer des pistes d’ordre psychopathologique auxquelles on n’aurait pas accès avec le WISC par exemple. L’approche peut paraître séduisante mais ne fait pas perdre de vue que l’essentiel de l’analyse réside dans la capacité du psychologue à croiser différents éléments dont l’écoute du sujet pour émettre des hypothèses.
C’est d’un autre outil dont il s’agit dans l’article suivant, celui-ci dans une approche psychosociale : parmi les violences émergeant dans le milieu scolaire, le harcèlement constitue un inquiétant sujet d’actualité. Faut-il y voir un autre des travers liés aux particularités psychiques que peuvent induire nos sociétés hypermodernes (cf. texte de Roselyne Tynévez plus haut). Le travail mené ici par Jacques Richard et Joëlle Robichaud Doiron consiste en l’adaptation en langue française d’un outil de mesure psychosociale, le Bully-Survey. Le phénomène de harcèlement est tout d’abord décrit et analysé du point de vue de l’auteur et de la victime, en appui sur des travaux rarement francophones, d’où l’intention des auteurs de « pallier cette lacune ». L’article revient sur les différentes formes du phénomène, ses conséquences, avant de présenter l’outil en question et le travail accompli pour l’adapter. L’étude menée révèle une adaptation satisfaisante de l’outil malgré quelques limites qui donnent lieu à des recommandations et affinages futurs. Une approche utile aux psychologues, éducateurs, chercheurs francophones s’intéressant au harcèlement.
L’article suivant concerne la participation des stratégies métacognitives dans l’enrichissement mental en milieu universitaire. Valère Nkelzok Komtsindi met en évidence comment ces dernières « facilitent la structuration mentale qui est la modification des structures de pensée ? ». Après les avoir présentées, l’auteur nous expose sa recherche menée au sein de l’université de Douala au Cameroun qui préfigure une méthode d’amélioration des performances des étudiants.
Lauréline Seytrès, psychologue au sein d’un foyer d’urgence quant à elle, travaille à mains nues, certes avec des outils pour penser, mais surtout elle écoute, analyse et invente face à l’apparence d’un impossible. L’auteure nous livre ici un récit d’expérience : la rencontre avec Marlon, un jeune de seize ans avec qui l’échange s’amorce si difficilement. On les suit dans le tissage de la relation transférentielle et contre-transférentielle. La demande émerge mais la fragilité de Marlon les amène parfois sur le fil, voire à son passage à l’acte. Comprendre ses émotions, se laisser toucher dans la proximité avec l’adulte n’est pas sans risque. On saisit comment il en vient à projeter sa rage mais aussi sa peur sur la personne de la psychologue qui elle, tente de maintenir du « jeu », pour lui éviter de tant s’accrocher au réel. Au fil du temps, des rencontres, des ajustements, des inventions de l’un et de l’autre, on aperçoit un apaisement, la possibilité de Marlon d’accepter des échanges plus socialisés. Un témoignage émouvant de la créativité à l’œuvre dans le cadre d’un accompagnement psychologique d’un jeune en grande détresse qui trouve malgré tout à avancer avec l’aide d’une professionnelle qui a su l’écouter.
On continue donc de croire à l’humain dans l’humain, on continue d’écouter !
Bonne lecture.
Le comité de lecture
Bonne lecture !
Le comité de lecture