Bonjour,
Le deuxième numéro de Psychologie & Education pour l’année 2016 est paru. Il aborde la question de la transmission. Vous y trouverez cinq articles et un libre-propos présentés ci-après. Bonne lecture !
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Vos suggestions d’article sont les bienvenues : partagez votre réflexion et votre pratique à l’école… A vos plumes !
Sommaire du Psychologie & Education 2016-2, juin 2016
Martine MENES – Comment peut-on savoir ?
Alain NOBLE – Pour éviter que la séparation prenne le chemin de la rupture
Serge PITTIGLIO – Psychologie clinique. Quels apports pour la pratique des psychologues de l’éducation nationale ?
Alain BAUDRIT – Être tuteur aujourd’hui : toujours une affaire de don/contre-don ?
Daniel DELANOË – Les châtiments corporels de l’enfant, une forme élémentaire de la domination
Libre-propos : Christine DESAUBRY et Karim BOUDJEMAA – Apprendre à lire et s’y préparer à son heure et à son rythme – 2as – Entretien avec André INIZAN
Editorial
La compréhension et l’accompagnement des enfants, des jeunes, en lien avec des adultes qui tentent de leur transmettre des savoirs et autres objets à acquérir ou maîtriser sont des axes majeurs de notre métier. Dès son arrivée au monde, et probablement avant, l’enfant est pris dans la relation à l’autre qui va l’accompagner dans son devenir. Être concerné par la transmission, suppose certains pré-requis de son développement psychique qui sont abordés (avec parfois leurs manqués) dans ce numéro. Désiré, manquant, séparé, différencié, désirant, apprenant, l’élève rend compte de son parcours d’enfant.
La psychanalyste lacanienne, Martine Menès (à l’occasion d’une conférence organisée par la FNAME, que nous remercions pour sa collaboration) interroge « l’articulation entre le rapport au savoir […] et le savoir insu au cœur du sujet ». En l’absence de quelqu’un qui « anticipe un désir » pour lui, le bébé court le risque de carences entraînant des troubles globaux et notamment psychomoteurs, psychiques… Il va devoir tout de même s’éloigner de ce que Lacan appelait lalangue pour accéder au lire-écrire. L’accès à la différence des sexes et des générations, l’éprouvé à la présence-absence de l’autre l’ amènent à nommer, représenter, désirer. La pulsion de « ça-voir » subit différents destins, parmi lesquels l’inhibition, la formation du symptôme et au mieux la sublimation quand elle devient épistémique. Considérer le désir de savoir comme « désir tout court » donne à penser l’élève en mal d’apprendre comme un sujet qui « n’est pas qu’une mécanique à réparer ».
L’article d’Alain Noble, ancien psychologue de l’Education nationale et clinicien, (tiré d’une intervention lors d’une journée d’étude de la FNAREN que nous remercions aussi vivement), rejoint cette approche, en reprenant les premiers temps du développement affectif du bébé avec ses possibles ratages. L’école introduit un nouveau mode d’apprentissage, le rapport enseignant-enseigné suppose l’acceptation de la loi du générationnel. L’alliance entre les différents partenaires, notamment les parents, permettrait d’éviter le risque de céder à un agir dénué de sens et voué à l’échec.
Serge Pittiglio, psychologue de l’Education nationale, est dans la continuité de ces points de vue. Il aborde le rôle du psychologue à l’école, et plus précisément l’apport de la psychologie clinique. Pour lui, « les enjeux de la transmission entre les générations ne se posent plus de la même façon », le pulsionnel prenant le pas sur le symbolique. L’enseignant se sentant démuni voire incompétent aurait tendance à externaliser « la difficulté scolaire au profit des spécialistes de santé ». Chacun devrait prendre part à une réflexion pluridisciplinaire, pour se recentrer sur la didactique et éviter de se cantonner aux « causalités intérieures » de l’élève. La psychologie clinique doit réintroduire au sein de l’institution scolaire la question de « l’étayage symbolique qui fonde la transmission » entre les générations.
La transmission est aussi l’objet de la relation entre pairs. Dans la lignée de l’anthropologue Marcel Mauss, Alain Baudrit, professeur des universités, chercheur, interroge ce qui motive les tuteurs autour de la question du don/contre-don. « Rendre ce que l’on a reçu »: le principe décrit dans de nombreuses sociétés archaïques existe aussi dans les sociétés modernes. Une étude menée au sein d’une faculté de médecine montre comment pour certains, l’altruisme procure une satisfaction à la personne qui apporte son aide, augmente le sentiment de bonheur. Il s’agit d’un rapport gagnant-gagnant.
Daniel Delanoë, psychiatre et anthropologue, nous fait l’amabilité (avec la revue L’Autre) de cette 2e édition où le sujet est de problématiser la question des châtiments corporels. L’ONU et la convention des Droits de l’Enfant les condamnent, mais c’est loin d’être généralisé à tous les pays. Les effets nocifs, immédiats et à l’âge adulte, ont été mis en évidence par plusieurs études. L’auteur montre ici que dans le modèle monothéiste la correction d’un enfant pêcheur peut être prescrite. Dans le modèle profane, il s’agit de décourager une volonté de l’enfant d’affronter l’adulte. Parfois la loi est contradictoire. On retrouve les châtiments corporels dans les sociétés hiérarchisées où la transmission a aussi pour objet les rapports de domination.
Ce numéro se termine avec un entretien recueilli par deux de nos collègues de l’AFPEN, Christine Desaubry et Karim Boudjemaà, auprès d’une grande figure de la pédagogie, en la personne d’André Inizan que nous remercions chaleureusement ici. Pour poursuivre avec l’inépuisable question d’apprendre, initiateur du terme de personnalisation en 1968, il présente son parcours, ses réflexions ainsi qu’un outil informatisé, le 2AS, qu’il a conçu pour aider les enseignants à transmettre le savoir-lire en s’adaptant à chacun de leurs élèves.
Bonne lecture !
Le Comité de lecture